LA MECHE DU PIGEON

La mèche du pigeon

A Etampes, sur le plateau, il y a des immeubles d’habitat social, aujourd’hui un lotissement de maison “Lego” et… Un hôpital psychiatrique qui ne s’appelle plus ainsi  : un Établissement Public de Santé. En 1997, Véronique Stekelorom, danseuse, facilitatrice du mouvement et Antoine Dubroux, photographe auteur, Clown créent une compagnie de spectacle vivant : L’éPATE en L’AiR Cie. En 1998, trop à l’étroit pour développer leur activité dans Paris, ils acquièrent un corps de Ferme  … à Etampes. Une implantation locale nécessite de rencontrer les acteurs locaux. D’une intuition commune de la directrice du centre social de l’E.P.S. et de la compagnie, en 2005, naît un partenariat basé sur l’idée que des artistes à l’intérieur d’un établissement psychiatrique pourraient participer au bien être, tant du point de vue des soignés que des soignants. Les actions s’enchaînent, création de spectacle, déambulations burlesques, jusqu’à l’installation d’une yourte-spectacle au cœur de l’établissement, où nous expérimentons de multiples formes de représentations et de partages artistiques… mais pas de photos, ce n’était pas envisageable.

«Le fait même qu’il soit possible aujourd’hui dans ce coin de l’Essonne qu’un poète photographe vienne ici et là dans tout l’hôpital installer son appareil et tire le portrait de ceux qui y passent une bonne part de leur vie et qui acceptent aussi de se laisser photographier donne idée qu’un nouveau paradigme est peut-être à l’œuvre dans l’institution psychiatrique…» ( Michaël Guyader).
“Voulez-vous participer à un projet, où je souhaite photographier les visages de ceux qui, à Barthélémy Durand, soignent, sont soignés ou font tourner cette énorme boutique ?” C’est ainsi que je présente mon projet aux résidents, soignants, agents administratifs, jardiniers, ouvriers d’entretien …

A la manière classique de Richard Avedon, chaque sujet pose devant un fond blanc afin d’exclure du cadre toute référence au contexte. Je recrée un studio avec lumière artificielle et l’installe dans les pavillons, à la cité culturelle, dans les bâtiments administratifs, sous la yourte. Les photographies sont réalisées en moyen format, en argentiques, développées et tirées sur place, renouant ainsi avec une certaine idée que l’on pouvait se faire de la photographie dans les années 70. Il m’aura fallu deux années pour que ma collection de portraits devienne signifiante, constituée de près de 150 modèles. C’est de cette temporalité que découle la sincérité de ma démarche.

Des portraits photographiques à la Cité culturelle de l’E.P.S. Barthelémy Durand Sud – Etampes, mars 2025
Au travers de la multiplicité de ces visages, se dessine un instantané d’un monde aux portes de la ville.